L’effet de la crise économique au Liban sur les habitudes familiales et sur les relations transactionnelles du couple.
L’effet de la crise économique au Liban sur les habitudes familiales et sur les relations transactionnelles du couple.
Elie Bou Mefleh([1])
ملخص البحث
الأزمة الاقتصادية لها تأثير كبير على العلاقات التبادليّة بين الأزواج وعلى العادات العائلية. إنها أزمة صادمة ومفاجئة أصابت اللبنانيين الذين اعتادوا على نمط حياة سهل، ويتضمن مغريات وتسهيلات تساعدهم على العيش ببعض الرفاهية. ولقد اعتادت العائلات على هذا النمط وبنى الأزواج أنساق عائلاتهم في ظل مستوى اقتصادي معيّن. إن التراجع الذي طرأ على الاقتصاد اللبناني لا بدَّ أن يترك أثرًا على العلاقات التبادلية بين الأزواج. إن رغباتهم المادية التي لم يعد باستطاعتهم إشباعها جعلتهم يعيشون النكران، ويلجأون إلى تخيّلات تدفعهم لتغيير تصرفاتهم وردّات فعلهم مع الشّريك. ولقد اعترف بعض الأزواج الذين تحدثنا إليهم بهذا التغيير على عدة مستويات: القيم العائلية، المبادئ الأساسية، التواصل اللفظي، التواصل الغير لفظي، مستوى التخاطب والإحترام المتبادل.
الكلمات المفاتيح
الأزمة الاقتصادية، الحرب الأهلية، العلاقات التبادلية، الطريقة التحليلية النسقية، العلاقات داخل العائلة، الشعور بخيبة الأمل، الأزمة المالية، مستقبل غير واضع وغير آمن، الرأي العام، الحاجات الأساسية، شعب يعاني من رضّة نفسية، كسل المسؤولين، الإزدهار، المستثمرون، البنى التحتية، القروض، التخطيط المستدام، إيقاع تنافسي، التنمية الشخصية، التنمية الثقافية والفكرية، الابتكار الدائم، إدارة الموارد، نمط عيش سطحي، الفكر الاستهلاكي، التباطؤ الاقتصادي، غلاء المعيشة، النكران، التخيلات، الرغبات المادية الغير مشبعة، مراحل القلق، تغيّر اجتماعي اقتصادي، تغيير العادات، القيم الناقلة من جيل إلى جيل، نسق علائقي، شعور الأمان، القصور المادي، التغيّر في ردّات الفعل، الشركاء.
Abstract
L’influence de la crise économique sur les relations transactionnelles du couple et sur les habitudes familiales s’avère réelle. En fait, le couple qui a construit son système familial dans des conditions économiques favorables se trouve subitement incapable de satisfaire ses besoins matériels essentiels. Cela le fait dénier la réalité et se comporter selon ses fantaisies qui sont nées dans une ambiance de désirs insatisfaits. Certains couples témoignent d’un changement de réactions transactionnelles au niveau du respect mutuel, des valeurs familiales, des principes fondamentaux, de la communication verbale et non verbale et du niveau du langage.
Les mots clés
La crise économique. La guerre civile. La relation transactionnelle du couple. La Méthode analytico-systémique. Les relations intrafamiliales. Le sentiment de déception. La crise monétaire. L’avenir incertain et insécurisant. L’opinion publique. Les besoins fondamentaux. Un peuple traumatisé. La nonchalance des responsables. La prospérité. Les investisseurs. L’infrastructure. Des crédits bancaires. La planification durable. Un rythme compétitif. Le développement personnel. Le développement culturel et intellectuel. La créativité permanente. La gestion des ressources. Un mode de vie superficiel. L’esprit de consommation Le ralentissement économique. La cherté de vie. Le Déni. La fantaisie. Le désirs matériels insatisfaits. Les stades d’anxiété. Le chambardement socioéconomique. Changer leurs habitudes. Les valeurs transgénérationnelles. Un système relationnel. Le sentiment de sécurité. L’incapacité financière. Le changement dans les réactions.
Introduction
Le peuple qui ne meurt pas, comme le Phénix qui se lève chaque fois de la mort et de la détresse. C’est la qualité du peuple libanais même si elle est poétique, elle est gravée dans les esprits de tout libanais et elle reste la qualité transgénérationnelle qui inspire la force et la motivation pour sortir de l’état de stagnation et de freinage au niveau social, professionnel et personnel.
La lourdeur de la crise économique actuelle n’est pas moins importante de toutes les catastrophes qui ont affligé ce pays de tant de menaces et qui ont succombé ce peuple de tant de détresses. Pour les politiciens et pour les économes, elle était attendue et normale grâce aux politiques économiques de l’Etat pendant trois décenies et grâce aux guerres consécutives, que ce soit la guerre civile ou la guerre avec l’ennemie israélien, mais pour la majorité du peuple elle s’avère brusque et spontanée et ses conséquences s’étalent sur les différents domaines de la vie et surtout sur la vie sociale et familiale et sur la relation transactionnelle du couple. Un trouble au niveau de la communication du couple et de sa relation transactionnelle apparait suite aux nouvelles circonstances économiques du pays. Les questions qui se posent alors se concentrent sur les aspects de cette crise économique, sur ses conséquences certaines et aléatoires et sur les réactions de la société et surtout celles des couples dans leurs relations interactives.
Le changement dont on parle ne passe pas sans dégâts sur chaque société. On est alors devant un changement au niveau économique et on est appelé à étudier ses effets sur tout le système social du pays. Sachant que le changement d’un élément du système est capable d’amener au moins un changement à tout le sytème. Mony El KAIM assure cette formule dans sa méthode analytico-systémique. De la perspective systémique, suite à la crise économique, le changement social et familial devient une réalité authentique et s’impose chaque jour au mode de vie de tous les libanais et de toutes les familles. Les aspects de ce changement commencent à prendre place depuis le début de la crise en octobre 2019 et les conséquences ne s’attardent non plus à apparaitre graduellement et à s’étendre à tous les domaines de la vie. Ce qui importe dans cet article ce sont les relations intrafamiliales et transactionnelles qui sont influencées par le changement du mode de vie. Quelles sont les formes de ce changement? Quelle nouveauté va apparaitre dans les relations interactives du couple? Qu’est ce qui attend la société libanaise et les familles au niveau du mode de vie et des habitudes? Les méthodes preventives sont elles toujours possibles?
Cet article essaie donc de répondre à ces questions du point de vue psychosociale.
- Les aspects de la crise économique du Liban et ses conséquences sur la stabilité sociale.
Le 19 octobre est une date décisive de l’histoire du Liban. d’un jour à l’autre tout a changé. le chambardement est énorme. Un peuple entier s’est exposé au vol. tout le monde a perdu sa fortune quelque soit sa volume. Du jour au lendemain, les banques ont fermé leurs portes et elles ont dissimulé l’argent de leurs clients. Sous le premier choc, le peuple se met ébahi des circonstances obscures qui menacent le pays. Il ignore le jeu, il guête la première chance pour récupérer son argent et son droit. Le sentiment de déception règne dans tout le pays, le chaos se diffuse partout, non seulement à cause des conditions de sécurité mais aussi et surtout à cause de la crise monétaire qui paralyse les gens et qui leur donne le sentiment qu’ils sont faibles et incapables de bouger. Tous leurs rêves se sont évaporés avec l’argent et tous leurs plans se sont arrêtés avec le cycle de vie qui s’est arrêté aussi. Peu après, les banques annoncent la disparition de la monnaie étrangère, c’est un deuxième choc qui augmente le sentiment de désespoir chez les gens et qui amplifie leur anxiété sur le passé qu’ils refusent de perdre et sur l’avenir qu’ils considèrent incertain et insécurisant.
La monnaie nationale commence à s’effondrer, la valeur du dollar en face de la Livre libanaise commence à s’élever. Cette situation monétaire instable, donne le sentiment d’insécurité et d’instabilité à tout le peuple qui ne sait pas prendre une decision qui s’avère difficile et incertaine. Les médias interviennent comme d’habitude et les programmes “Talk show” et d’analyse politique commencent à être diffusés sur un rythme quotidien pour influencer l’opinion publique mais en fait, ils ne font qu’augmenter le stress et qu’amplifier l’angoisse des gens qui ne s’occupent que des problèmes vitaux de leurs familles. Ils ne s’intéressent qu’à la satisfaction de leurs besoins fondamentaux que le Gouvernement renonce à assurer.
L’effondrement continue progressivement. Il se présente tous les jours mais dans des formes variées. Il inquiète les gens et menace leur vie. Aucun espoir ne calme leur peur. Aucun plan official n’apparait. Deux ans et demi et la crise économique est en accroissement continu, elle bouleverse la stabilité d’un peuple traumatisé par le choc accru qu’il a subi et déprimé par la force du désespoir et par l’absence complète des solutions qui pourrait calmer son anxiété. C’est une société complète qui agonise sous la nonchalance des responsables qui, eux-mêmes, paraissent perdus et incertains des décisions qu’ils doivent prendre.
- L’inflation monétaire et le ralentissement économique comme conséquence à un système social superficiel.
Après la guerre civile, la société libanaise est entrée dans un mode de vie quotidienne spécifique. Assoiffés de paix et de vie, les libanais se sont entrainés par la nouvelle phase du pays. Une phase de reconstruction à tous les niveaux: La capitale Beyrouth témoigne alors d’un chantier qui éblouit les citoyens et les touristes par la vivacité et la prospérité dans lesquelles elle vit, le monde des affaires prend son élan et attire les investisseurs, ce qui anime davantage le mouvement économique, l’infrastructure facilite le déplacement et rend les trajets plus courts et les destinations plus accessibles. Les facilitations pour obtenir des crédits bancaires ont augmenté pour permettre aux citoyens de satisfaire leurs besoins et de mener un mode de vie “moderne”. Une politique économique prend place pour assurer un cycle économique spontané loin de toute planification durable et sans aucune vision établie à long terme. Cette politique entraine les libanais dans un mode de vie superficiel, ils entrent dans un rythme compétitif avec la modernisation et avec les attirances de la vie, ils cherchent à améliorer les conditions vitales principales et secondaires sans se soucier de leur propre développement personnel pour prévenir les conséquences négatives du nouveau système économique. Ils cherchent à posséder une nouvelle voiture et une maison spacieuse, ils fréquentent des écoles et des universitaires plus chères et ils envahissent tous les soirs les restaurants et les pubs. Certainement, ce n’est pas de leur faute. Ils ne sont pas responsables du cercle vicieux dans lequel ils sont entrés indirectement et inconsciemment. C’est le système politique qui ne prend pas en considération la durabilité des ses propres plans et qui ne s’occupe que des intérêts personnels des politiciens. Un mode de vie superficiel règne alors dans le pays et ses conséquences ont commencé à apparaitre avec le début de la deuxième république. Le développement culturel et intellectuel n’occupe la société que dans la mesure des apparences, cela revient à la politique générale qui se centre sur le tourisme et sur la fausse économie qui s’est subitement effondrée en 2019 parce qu’elle est fondée sur des bases fragiles et non-durable. En fait, les gens ont appris à être d’excellents consommateurs. Quelque soit leur métier, ils sont entrés dans le système de consommation et ils se sont éloignés de la créativité permanente et de la logique de planification. Ils ont négligé la getion des ressources et ils ont manqué la gestion financière même au niveau personnel et familial. Lorsqu’on regarde le mode de vie des libanais depuis les années 1990, on découvre cette réalité qui traduit un mode de vie superficiel, centré sur la consommation pour satisfaire les apparences et le besoin de vivre après la guerre civile destructive.
- Le changement des habitudes sociales en fonction du ralentissement économique
Le ralentissement économique survenu en 2019 affecte toute la société en générale et les familles et les individus en particulier. Il s’impose comme réalité choquante devant laquelle on se met paralysé et ignorant de ce qui se passe. Les libanais, comme on vient de dire, ont l’habitude “de vivre” selon le terme qu’ils utilisent pour justifier leurs habitudes et le mode de vie qu’ils mènent. Et “vivre” pour eux c’est l’esprit de consommation qu’ils ont développé et vers lequel ils se sont laissés mener par la politique générale du pays. Mais soudain, ils se trouvent obligés de sortir de ce cercle vicieux dans lequel ils tournent depuis des décennies. Ils sont incapables de poursuivre le même rythme de vie et incapables “de vivre” selon les habitudes qu’ils se sont faites. Choqués de cette réalité, ils montrent une passivité dans leurs réactions et ils trainent dans la vie malgré le manque d’argent et la cherté de vie qui les torturent.
C’est la phase du “Déni”. Ils n’acceptent pas de croire qu’ils vivaient dans le rêve que la politique leur a créé et ils refusent de voir que la vie qu’ils mènent est fragile et que leur convictions et leur perspective pour la vie sont désorientées. Le déni empêche donc les libanais de croire que leur vie n’était qu’un rêve et que maintenant c’est la réalité qu’ils doivent envisager. Ils sont là, sans espoir de regagner la vie ancienne qu’ils ont menée mais aussi sans boussole pour sortir du piège dans lequel ils sont tombés. Ensuite, pour trouver la cause de la perte de leur argent et de la valeur de leur monnaie nationale ils se blâment et ils accusent les responsables et les politiciens. Par conséquent, lorsqu’ils trouvent le fautif (réel ou fictif), ils deviennent rassurés et capables de se relancer dans le nouveau cycle économique et dans le nouveau mode de vie. Freud S. parle dans son livre “l’inquiétante étrangeté” de la fantaisie comme accomplissement d’un désir et comme correctif de la réalité non satisfaisante. Dans le cas de la crise économique, on parle de désirs matériels insatisfaits qui deviennent des forces motrices des fantaisies qui sont les symptoms du changement au niveau de la relation transactionnelle du couple.
Le changement est alors une réalité irreversible, il passe actuellement dans une phase transitoire en attendant que le peuple termine les stades d’anxiété avant d’assimiler tout le processus qui a mené aux conditions socioéconomiques actuelles désastreuses.
- Les habitudes familiales influencées par la crise économique
Lorsque la société change, cela veut dire que les individus et les familles changent aussi. Leurs convictions, leurs perspectives, leur mode de vie et leurs habitudes sont exposés au bouleversement et à l’ébolition. Le changement devient un devoir qui dépasse la volonté, il est oblogitoire pour qu’on puisse s’adapter au chambardement socioéconomique au libanais. Cette adaptation s’avère donc un échapatoire à la nouvelle situation financière de chaque famille et de tout individu. La comparaison entre l’ancien et le nouveau système est tellement facile et claire parce que la crise et ses conséquences sont tellement flagrantes. A titre d’exemple; les diners quotidiens dans les restaurants deviennent progressivement impossibles, la générosité des maisons libanaises ne trouve pas les moyens financiers pour s’exprimer et pour apparaitre comme auparavant. Les maisons éclairées éteignent leurs lumières pour éviter les frais insupportables de l’électricité, les sorties, les voitures somptueuses, les achats, le tourisme, le gaspillage, les invitations réciproques entre les familles, les jouets des enfants, les repas et toutes les expansions quotidiennes auxquelles les libanais se sont habitués ne sont plus accessibles pour la grande majorité du peuple. Cela traduit la grandeur de la crise économique et son effet sur les habitudes familiales dans une société qui a construit ses fondements sur des bases culturelles fragiles et superficielles. Les familles sont donc appelées à changer leurs habitudes de vie quotidienne pour pouvoir subsister et pour poursuivre leur vie avec le moins possible de dégâts sachant que ceux-ci sont énormes et leurs conséquences sont désastreuses. Il est sûr que les familles apprennent à s’adapter à la nouvelle situation socioéconomique mais est-ce que ce processus de changement n’est pas sans effets néfastes sur les individus et sur l’inconscient collectif de la société? La transformation qui va survenir ne laisse pas des traces de sentiments négatifs dans la personnalité des gens? Des sentiments de culpabilité, de médiocrité, d’infériorité et de rancune sur le système sociopolitique et sur la naiveté d’un peuple trahi par la les responsables de son pays. Les nouvelles habitudes que les libanais vont adopter seront donc basées sur les fantaisies, le déni et sur ces sentiments négatifs dont les effets continuent à apparaitre dans le nouveau mode de vie.
- Les relations intrafamiliales affectées par le changement.
Les habitudes des familles vont changer avec le changement de la situation économique du pays, de même pour les relations intrafamiliales. Celles-ci font partie prenante des habitudes dont on parle: le respect au sein de la famille, les valeurs transgénérationnelles, les principes fondamentaux de la vie, les relations transactionnelles, la communication verbale, la communication non-verbale et le langage du corps sont des habitudes de la famille, le niveau du langage, les métiers, l’éducation et les différents sujets traités au sein de la famille sont de même en relation extrêmement étroite avec les habitudes familiales. Si on regarde de travers ces habitudes, on pense qu’elles sont innées ou bien qu’elles sont gravées dans le système familial ou qu’elles se transmettent dans les gênes mais lorqu’on les étudie de près, on trouve qu’elles sont affectées par les circonsatnces actuelles de l’environnement et qu’elles sont souvent acquises au sein des coutumes sociales. Ce qui permet de dire que le changement des habitudes est affecté par le changement de l’entourage ou d’un seul élément de cet entourage.
- Le changement au niveau de la relation transactionnelle du couple
La crise économique actuelle qui touche la majorité des familles libanaises dépose directement ses effets sur les relations entre les couples dans toutes ces familles. En fait, ceux-ci se sont réunis dans des conditions diverses, entre autres, les conditions économiques favorable, l’amour, l’avenir, le passé et l’attraction, jouent un rôle essentiel dans la formation du système de couple qui évolue et se développe en parallèle avec le développement financier de la famille. Le couple construit alors un système relationnel et mène un mode de vie en fonction de son développement économique. On parle donc d’un développement simultané multidimentionnel et d’une combinaison d’états et de situations qui se fusionnent et s’adaptent pour produire l’état actuel du couple. Cela permet de parler du couple comme un système construit de plusieurs éléments en relation interactive et que tout changement au niveau d’un ou de plusieurs de ses éléments amène une modification au niveau du système en entier, c’est à dire au niveau de la relation transactionnelle du couple. Dans cette crise économique, le changement au niveau des couples apparait dans la communication verbale, dans la confiance en soi, dans le regard vers soi, dans ce que l’un veut présenter à l’autre et ce qu’il lui demande. Les attentes de chacun des partenaires ne sont pas satisfaites de la même façon comme avant et le sentiment de sécurité que l’un d’eux peut donner à l’autre n’est plus de la même qualité comme avant. Les dépenses, les cadeaux et les responsabilités financières ne sont pas faites de la même quantité et dans le même esprit comme avant. Aujourd’hui, avec la crise économique, les partenaires sont incapables de dépenser selon leur habitude. Ils sont coincés dans l’obligation de changer cette habitude. Ils se plaignent de leur incapacité financière qui leur est infligée sans pouvoir même objecter. Leur sentiment d’incapacité les fait taire sans savoir comment réagir. Les fantaisies aparaissent, comme réponses à ces désirs non satisfaits, sous formes de réactions inhabituelles dans le couple. Le déni qu’ils vivent les fait patienter parce qu’il leur est difficile de croire en cette réalité amère. Mais ce déni n’empêche pas l’apparition des fantaisies. On parle alors d’un changement dans les réactions et dans la communication directe ou indirecte, verbale ou non verbale. Certains essaient de se débrouiller en trouvant des substituts financiers pour échapper aux conséquences négatives de la crise mais d’autres cèdent aux obligations imposées par un système plus grand qu’eux.
Dans le même processus, la relation transactionnelle du couple est affectée par les circonstances financières de la famille. Les partenaires se sentent désorientés, déstabilisés et incapables de satisfaire les besoins fondamentaux de la famille. Ils experiment un malaise et une inquiétude à cet égard, ainsi leurs comportements et leurs réactions ne sont plus les mêmes.
En revanche, le changement n’est pas toujours nécessairement négatif mais il peut paraitre parfois positif. Le partenaire qui se sent incapable de satisafaire les besoins financiers de l’autre et de la famille, prend la posture du faible qui attend leur amour et leur approbation sachant qu’il était fier de lui-même et indifférent de leur avis et de leurs sentiments envers lui.
- Un témoignage concret de l’influence de la crise économique sur les relations transactionnelles du couple
Intérrogés sur ce sujet, certains couples témoignent d’une augmentation de conflits avec le partenaire, d’une communication plus violente et d’une agressivité verbale et physique. Certains parlent de trahison et d’irrespect envers l’autre, d’autres disent qu’ils pensent quitter le paysmalgré le désaccord du partenaire et compte transgresser les lois de leurs travaux pour augmenter leurs revenus financiers.
Une enquête menée auprès de 100 couples, montre un changement au niveau relationnel et ransactionnel suite à la crise économique qui détruit le pays. Les résultats de cette enquête viennent comme le suivant:
| Suite à la crise économique dans le pays, ce questionneaire mesure le degré de “changement des attitudes” des couples dans leur relation quotidienne. Pour chaque Item, précisez svp le degré de votre changement. | Très fort | Fort | Moyen | faibe | Aucun |
| Le respect mutuel au sein de la famille | |||||
| Exprimer le respect mutuel au niveau du dialogue
Respecter l’avis de l’autre au niveau de la prise des décisions |
35% | 30% | 10% | 0 | 25% |
| 20% | 30% | 25% | 10% | 15% | |
| Les valeurs transgénérationnelles | |||||
| Penser à l’immigration pour toute la famille
N’hésiter pas de transgresser l’éthique du métier |
65% | 20% | 10% | 0 | 5% |
| 15% | 10% | 10% | 25% | 40% | |
| Les principes fondamentaux de la vie | |||||
| Maintenir la coopération avec le partenaire
Trahir le partenaire Demeurer fidèle à ses responsabilités fondamentales |
5% | 15% | 15% | 30% | 35% |
| 0 | 15% | 10% | 25% | 50% | |
| 10% | 15% | 10% | 20% | 45% | |
| Les relations interactives | |||||
| Apprécier les efforts du partenaire
Donner un coup de main dans les travaux ménagers Encourager le partenaire dans ses responsabilités multiples Remercier le partenaire |
35% | 25% | 10% | 20% | 10% |
| 30% | 25% | 30% | 10% | 5% | |
| 30% | 25% | 25% | 15% | 5% | |
| 35% | 30% | 30% | 0 | 5% | |
| La communication verbale | |||||
| Garder une communication active avec le partenaire
Mentir au dos du partenaire Etre en conflit permanent avec le partenaire Montrer de la violence |
15% | 10% | 40% | 10% | 25% |
| 20% | 30% | 10% | 15% | 25% | |
| 35% | 40% | 10% | 10% | 5% | |
| 40% | 25% | 10% | 15% | 5% | |
| La communication non-verbale | |||||
| Faire des réactions physiques contre le partenaire
Montrer une agressivité physique contre le partenaire Sortir de la maison pour exprimer sa colère |
15% | 25% | 20% | 10% | 30% |
| 10% | 10% | 25% | 25% | 30% | |
| 35% | 20% | 25% | 15% | 5% | |
| Le niveau du langage | |||||
| Utiliser de gros mots dans sa conversation
Imposer son avis sans accepter le dialogue Se plaindre de tout |
15% | 30% | 30% | 15% | 10% |
| 10% | 25% | 25% | 35% | 5% | |
| 15% | 15% | 35% | 10% | 25% |
Explication du tableau:
Le changement au niveau de la relation transactionnelle du couple apparait selon le suivant:
- Le respect mutuel au sein de la famille
changement au dessus de la Moyenne.
- Les valeurs transgénérationnelles
changement situé dans la zone Très Fort.
- Les principes fondamentaux de la vie
pas de changement.
- Les relations interactives
changement autour de la Moyenne.
- La communication verbale
changement situé dans la zone Fort et Très Fort.
- La communication non-verbale
changement remarquable.
- Le niveau du langage
changement remarquable.
- Les solutions et les horizons optimisants
La crise économique au Liban comme décrite par les professionnels et les specialistes en économique, en histoire et en journalisme, n’a jamais été vécue par aucun peuple sur le globe terrestre.
Lorsqu’on entend ces analyses, on pense tout de suite au malheur qui attend les gens et lorsqu’on remarque que les plans officiels au niveau du Gouvernement ne sont ni sérieux ni efficaces pour en sortir, on pense encore une fois aux conséquences effroyantes sur cette société en détresse. Cette calamité est réelle et s’affirme concrète à fur et à mesure que les professionnels et les politiciens déclarent que le pays est toujours dans une phase préparatoire à la crise et que les choses iront de mal en pire. En même temps, les médias ne transmettent que le malheur public qui menace un pays en développement et qui a vécu une prospérité économique et sociale qu’il n’a pas su protéger pour le bien de sa survie et de sa continuité. Tous les facteurs actuels annoncent la naissance d’une société nécessiteuse qui ne ressemble pas au peuple qui, comme on a déjà dit “veut vivre”.
C’est une description objective non exagérée de la situation actuelle du Liban. Ses effets sur la relation transactionnelle du couple de 30 à 50 ans dans la region de Beyrouth sont réels et concrets mais les solutions au niveau de ces effets ne sont pas impossibles. Dans le suivant on propose quelques idées qui pourront aider les couples à sortir de ce tunnel de fantaisies et de stress qui abime sa relation transactionnelle au sein de la famille.
Les conseils qu’on peut donner dans les cas de traumas pareils sont nombreux et relèvent de l’éveil et de la volonté des individus à changer la situation actuelle de chagrin et d’abus et d’atteinte à leur dignité.
- Prendre conscience de l’effet de la crise économique sur les reactions
- Accepter que la crise actuelle est réelle
- Eviter de se blâmer pour une crise qui dépasse sa volonté
- Connaitre que le changement de son comportement est une réaction naturelle face à la crise
- Prendre du recul à toutes les idées négatives et culpabilisantes
- Réflechir aux causes du changement
- Réfléchir aux conséquences de la nouvelle attitude envers le partenaire
- Envisager objectivement la nouvelle situation économique du pays et de sa famille
- Consulter un spécialiste en psycchologie du couple
- Chercher de nouvelles ressources économiques
Les recommandations sont nombreuses mais l’important c’est la volonté des partenaires et leur détermination de sauver la famille et leur relation.
Références:
Elkaiim M. (1989). Si tu m’aimes ne m’aime pas, approche systémique et psychotique, édition du Seuil, avril et mars 2001
- Freud S. (1985). l’inquiétante étrangeté, et autres essais, éditions Gallimard, Paris.
– موني القايم، حياة الأزواج، مرافعة نحو استراتيجية الأسوأ، منشورات ألفا، ترجمة يسر الحاج، مركز تبيين – بيروت
[1] – Doctorant en psychologie à l’université libanaise. Elieamefleh1@hotmail.com
